[Méta-modèle]Omissions

Pour le dernier article de la série, on va éviter d’en oublier…

Les omissions résultent d’un processus de sélection des informations et d’une amputation de phrase au niveau des mots ou dans le sens de ceux-ci…

Les formes

Une manière facile d’aborder les omissions consiste à parler de comparaison et de superlatif. Si dans un rapport de comparaison ou de superlatif, il manque un terme, c’est un comparatif ou superlatif absent. « Elu produit de l’année », « C’est le meilleur et c’est pour vous. » « Le plus grand chanteur de sa génération » On parle du meilleur, de ce qui est « (le) plus », « (le) moins » mais on n’indique pas l’élément de comparaison.

Dans l’idée de se placer en rapport avec une autre chose effacée, elle, du discours , il y a l’index de référence non spécifié. On n’indique pas à quoi on se réfère, sur quelle échelle on évalue, quel index on prend comme référence. « L’Allemagne est compétitive. »  « La France est en retard. » (E.Macron.) Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. » (Sarkozy, Dakar.) « Nous n’avons pas réformé assez vite. » (E.Macron). On a envie de dire, chaque fois, par rapport  à quoi??? Ainsi quand un superlatif n’est pas absent, souvent l’index de référence est non spécifié. Quand un prestataire se dit « Le meilleur de la télévision par satellite. », il donne bien le comparatif mais il n’indique pas sur quels critère s’est établie la comparaison…

Une absence de précision encore, est celle des verbes… C’est un peu la nominalisation dans sa version conjuguée… Un verbe qui sera compris différemment selon qui l’entend. « La France, tu l’aimes ou tu la quittes. » « Une application par jour réduit significativement les signes de l’âge. » Venez comme vous êtes » « Aujourd’hui, la France est touchée dans son coeur. » « Rétablir l’ordre » « Faciliter l’emploi » « Le chômage désespère les français. » Autant de verbes un brin imagés qui arrondissent les angles.

Le summum étant l’omission simple du complément d’objet direct. « Les Français n’en peuvent plus! » « Nous allons vous en débarrasser. » « Yes, we can! » « Je ne peux qu’approuver » ont bien un sujet, un verbe mais on ne sait pas de quoi on parle au final…

Le questionnement

Qui? Quoi? Où? Comment? De quoi parle-t-on?

On demandera le comparatif, le superlatif ou l’index : « Elu produit de l’année. » Par rapport à quels autres produits??? « Le plus grand chanteur de sa génération » Il faisaient tous moins d’1 mètre 90 les autres? « Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. » (Sarkozy, Dakar.) Trop par rapport à quoi? « La meilleure crème glacée de l’Univers connu » Qu’est-ce qui la rend meilleure par rapport aux autres? « L’Allemagne est compétitive. » En ce qui concerne la création de précaires, c’est certain…

On fera préciser le verbe. « La France est touchée en son coeur » Qu’entendez-vous par « touchée » précisément?  « Venez comme vous êtes. » Même à poil? « Réduit les signes de l’âge » Réduit, c’est à dire? « Comment le chômage fait-il pour désespérer les Français? Il s’attaque à leur espoir avec ses petits doigts maigres? »

Et on demandera le complément.  « Yes, we can! » Vous pouvez quoi? « Les Français n’en peuvent plus! » De quoi? De qui? Depuis quand? A quel sujet? De quoi parlez-vous?

Ainsi se termine cette série, merci de l’avoir suivi. On complètera avantageusement sa lecture par celle de ce long article du Cortecs, concernant les sophismes. Car quand bien même les phrases semblent correctes, l’agencement de celles-ci dans un discours est encore un sujet bien vaste qui, dans l’idée de se conduire en citoyen-ne-s éclairé-e-s, mérite d’être approfondi.

Et maintenant, c’est le joli mois de mai, ce blog va faire une petite pause car l’APSALA est bien occupée en ce moment… Vous pouvez aller faire un tour sur le site de l’asso et y écouter ses podcasts, ses textes éditoriaux. Bon printemps et à bientôt!

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