Le Plan atmosphère sentait bien mauvais…

J’ai eu accès au compte rendu de la conférence de presse liée au plan de protection de l’air de la vallée de l’Arve

À la première lecture, j’ai trouvé que ce plan était pas mal.  À ceci près que les graphiques sont illisibles car en résolution trop basse…

A la deuxième lecture, j’avais un peu réfléchi… Et ce plan ne me paraît plus vraiment bien…Plus du tout.

Exercice de décodage, avec les points que je relève, pêle-mêle…

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L’intention positive.

Le document commence ainsi :

 «L’air que nous respirons est déterminant pour notre santé,
notre qualité de vie et notre environnement.
La lutte contre la pollution atmosphérique est l’aff aire de tous.
Chaque citoyen doit réduire les émissions de polluants qu’il génère dans l’atmosphère.»

L’origine de la citation n’est pas indiquée. Qui a dit ça ?

De toute manière, on ne peut qu’être d’accord avec elle… Qui pourrait sérieusement affirmer que l’air que nous respirons n’est pas déterminant pour notre de santé ?

Première chose qui doit éveiller les soupçons : Si quelque chose remporte l’adhésion immédiate, il vaut mieux la regarder de plus près avant d’adhérer… L’intention positive est toujours mise en avant dans les opérations de propagande.

Dans ce cas précis, puisque l’air et sa qualité sont si importants, comment se fait-il qu’il faille un plan de protection? Comment se fait-il qu’on ait laissé faire jusque là? Mais passons…

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L’urgence

L’auteur du document se réjouit que le plan est eu lieu ait été mis en place en 15 mois au lieu des 36 à 48 habituellement nécessaires. Sans expliquer pourquoi le délai fut si court. En fait, si. Une explication est donnée, en gras, bien lisible en page sept : l’urgence de la situation et la volonté d’appliquer le plan le plus rapidement possible.

Deuxième chose qui doit éveiller les soupçons : L’urgence est généralement invoquée pour faire prendre des décisions qui, si on y regardait à deux fois, seraient très contestables.

Mais la lecture du reste de la page sept, page où est expliquée la démarche, dans un gros pavé de texte rébarbatif, est éclairante : Le public est invité à consulter le plan proposé. Il est également invité à faire des remarques, dont il est dit qu’elles pourront être prises en compte lors d’amendement éventuels.

Pendant l’enquête publique, le projet est à disposition du public. C’est un moment important de la vie démocratique. L’enquête publique est ouverte à tous, sans aucune restriction. Elle permet d’informer les personnes concernées, de garantir les droits des propriétaires et de favoriser la concertation.

En fait d’important moment de la vie démocratique, il s’agit de prendre la température afin de vérifier si le plan suscite une opposition quelconque ou si au contraire, il peut être appliqué en l’état. Avec tout au plus quelques modifications cosmétiques.

Car bien que vivant dans une des grandes communes concernées, bien que sensible aux questions environnementales, bien que lisant avec assiduité la communication communale, je n’étais pas au courant de la consultation… Par contre, toutes les semaines, je reçois des invitations pour les inaugurations/ouverture/discours du maire. ( par la poste, 0,60 € par envoi…). Ce qui me semble la preuve que si le maire veut vraiment mettre au courant les gens, il en a les moyens. Dans ce cas précis, il ne les a pas mobilisés, malgré l’importance, affirmé plusieurs fois dans le document, de la chose.

Le fonctionnement est donc« Qui ne dit mot consent ».  Ce qui me semble contrairement à ce qui est affirmé, l’opposé de la démocratie. A moins que la décision prise par deux personnes de se marier, avec son « Si quelqu’un s’oppose à cette union qu’il parle maintenant ou se taise à jamais », vous paraissent une décision prise démocratiquement par l’assemblée…

Et cette simple explication, suffit à donner la cause d’un délai si court. L’exercice de la démocratie, l’expression des points de vue, l’écoute et la contradiction prennent du temps. Si le plan a été élaboré en à peine plus d’un an au lieu de quatre, c’est bien parce qu’on a contourné l’exercice de la démocratie.

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Les graphiques maintenant…

Si on les met dans le document, c’est bien qu’on considère qu’ils constituent une information importante à avoir pour le lecteur. Et c’est le cas, puisque c’est sur la lecture de ces graphiques que s’appuient un certain nombre de conclusions. Je vais me permettre d’en reproduire un ici, zoomé à 150 % (!) :

Pas de titre. Pas de source. Pas de légende( illisible! ). Pour moi, ces graphiques n’existent purement et simplement pas pour le lecteur. Le pdf étant réputé pour conserver la qualité de son contenu quel que soit le zoom qu’on lui applique, ces graphiques ont été mis dans ce document en l’état. C’est-à-dire sciemment inaccessibles.

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Les images.

Il y en a 5. Aucune n’est datée, ni attribuée à un organisme ou un auteur. En conséquence, il faut donc les considérer comme des « photos déco », appuyant le propos mais ne montrant pas un événement particulier du passé. Je ne vais pas m’attarder sur toutes…

La première est censée illustrer la concertation  ayant présidée à l’élaboration du plan. La disposition des personnes (un large public face à un écran et quelques personnes à une table) montre que même la  » concertation » ne s’est pas faite de manière horizontale, mais de manière descendante ou transmissive. Ou en tout cas, qu’elle a été imaginée comme telle par les auteurs du document, qui sont les organisateurs de la concertation. Les  » acteurs » dont il est question dans le document, ont ,en fait surtout, été sollicités pour « acter » ce qu’on leur proposai semble-t-il…

La deuxième et la troisième montrent des feux de bois. Cela aura son importance…

La quatrième, sur la page des mesures envisagées, montre 2 VTT circulant hors piste cyclable (Des VTT = vélo loisir… pas de déplacement…), un bus et 5 voitures. Ce qui montre bien l’intention de l’auteur : Voiture majoritaire et pas de train.

La dernière représente des maisons individuelles avec un gros 50 % en surimpression. 50 % de quoi ? Et selon quel source? Difficile de le savoir.

Pas très réjouissant…

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Il faut lire jusqu’à la fin.

L’annexe quatre. Pages 16 et 17. Les dernières.

Voilà la raison de ce déploiement d’éléments de propagande.

Si la vallée de l’Arve fait partie des 16 zones en France dont l’air est le plus pollué, ce n’est pas parce qu’elle a une concentration d’usines très élevée. Ce n’est pas parce qu’elle a un trafic ferroviaire indigent, et donc un trafic autoroutier très dense, notamment de manière pendulaire vers et depuis Genève. Ce n’est pas non plus par ce qu’au fond de cette vallée, il y a un des quelques rares tunnels de passage des Alpes. Ni même parce que sa population a considérablement augmenté en quelques années.Non. C’est parce que des irresponsables CHAUFFENT AU BOIS!!!

Tout est la faute des vieilles chaudières et des cheminées. D’ailleurs, il n’y a qu’en Haute-Savoie qu’il y a des vieilles chaudières et des cheminées…

Trêve de balivernes sur le fond, revenons à la forme…

Si on se reporte aux pages huit et neuf du document, on peut clairement lire que le transport et l’industrie ont aussi leur part de responsabilités. (Une part équivalente à elles-deux… Mais qui l’affirme et au sujet de quelle zone géograhique?) Comment se fait-il qu’il n’y ait pas aussi une annexe à ce sujet ? Informations partielles = informations partiales

La raison se trouve en toutes lettres page 6 :

Ce projet de PPA a été rédigé à partir des contributions proposées par l’ensemble des acteurs et avait pour objectif d’intégrer au maximum les intérêts de toutes les parties prenantes.

Et qui sont ces parties prenantes ?

des techniciens, des élus, des citoyens membres associatifs, des industriels.

dont le détail figure page 12 et 13. Et dont je n’ai pas l’impression qu’il est spécialement en faveur des associatifs, en ce qui concerne le nombre…

Et, avec un peu de mauvaise foi, j’aimerais bien connaître l’heure à laquelle étais organisées les réunions… Parce qu’entre un bénévole associatif (Qui travaille par ailleurs.) et un salarié représentant son entreprise,  » l’égalité des chances » n’est pas vraiment respectée si la réunion  à lieu à 15h un jour de semaine… Mais bien sûr, ce n’est là, que pures allégations, produits d’une suspicion infondée… Cela ne peut pas arriver.

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Conclusion:

Informations partielles, graphiques inutiles, image purement décoratives, ce document est du vent. Mais un vent qui souffle dans un certain sens…

On y passe progressivement d’un discours concernant quatre polluants (Particules fines, ozone, NO2, HAP) un discours qui n’en concerne plus que deux.(Particules et HAP.)

Ne se préoccupant plus de l’ozone et du NO2, qui sont eux majoritairement dûs à l’industrie  et aux transports, le document cible essentiellement le chauffage individuel. Sans signaler pourtant que les HAP proviennent aussi en grande quantité de la combustion dans les véhicules diesel, notamment donc, les camions… Il s’agit donc bien de taper sur le chauffage au bois au bénéfice du chauffage au fioul et au gaz, présentés, avec beaucoup de culot, comme propres! ! ! (cf dernier tableau du document). L’aspect « émission de CO2 »  est, purement et simplement, botté en touche et la pollution liée à l’exploitation des hydrocarbures complètement ignorée. Ce plan n’a pas de vision globale de la thématique environnementale. Je le soupçonne même, à un autre niveau, de faire le jeu de l’exploitation du gaz de schiste. Car, une fois que chacun aura une « chaudière moderne » au gaz, il est bien probable que cela ait un impact sur l’opinion publique en ce qui concerne l’exploitation des ressources locales en ces gaz…

Ce document, hautement nocif en termes de libre arbitre ( les citoyens sont censés s’exprimer sur le plan après avoir lu ce document), est l’exemple parfait que, même à l’échelle locale, la propagande trouve des déclinaisons très fouillées. Le processus complet aboutissant à ce document pouvant lui-même être considéré comme une manipulation.

Et mention spéciale pour l’interdiction des feux d’artifice, qui de l’aveu même du document, n’aboutira à aucun changement… Mais permet quand même d’interdire aux particuliers de faire des feux d’artifice. Pour les feux d’artifices communaux, il est bien certain que les dérogations seront accordées chaque fois que cela sera demandé…

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