L’élection américaine n’est pas serrée. Sauf pour la presse et les sondages traditionnels.

Aux Etats-Unis, pour les commentateurs intelligents de la campagne, c’est plié : Obama va gagner.

Statistiquement : le statisticien révolutionnaire du New York Times Nate Silver ne donne plus que moins de 15% de chance à Romney, et son modèle ne lui a jamais accordé plus de 41% de chances d’être réélu. Et contrairement au titre stupide du Monde, c’est l’inverse d’un gourou, on ne doit pas le croire sur parole mais être convaincu ou non par ses arguments exposés rationnellement.
Politiquement, même des républicains appellent déjà à reconstruire le parti après la défaite de Romney.

L’apport de Silver aura été déterminant et dégrisant. Les préférences des électeurs, saisies de manière rationnelle et dans une moyenne entre sondages contradictoires qui limite les biais de chaque institut, se révèlent plus stables et moins sujettes aux réactions qui nourrissent traditionnellement le commentaire politique journalier : suspens, retournements suite à une perfomance, méthode coué, énormités mathématiques. Trop ignoré en France, où les sondages sont d’une nullité continue et connue (Je peux vous expliquer pourquoi en long en large et en travers, c’est l’objet d’un petit atelier du cour d’autodéfense intellectuelle…), ce nouveau modèle statistique qui domine le débat politique américain provoque la colère des commentateurs politiques traditionnels. Pas étonnant : il les prive pour toujours de leurs fables psychologisantes et « scénaristiques » classiques, faites « retournement surprise possible » et de course-serrées-dans-les-derniers-jours. Et ce modèle appelle les citoyens qui souhaitent s’informer à un usage public de leur raison contre les gourous et experts professionnels du bla-bla politique partisan et mythologique.

La situation est simple : soit Obama a déjà gagné, soit la totalité des chiffres et faits empiriques disponibles à ce stade sont faux. Ce qui est possible certes, sans être la situation la plus probable historiquement et statistiquement. Etant donné l’information fiable existante aujourd’hui, Obama va passer sans problème la barre des 270 grands électeurs et être réélu mardi.

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