Avant toute chose, je ré-affirme ne pas croire aux théories du complot. Je ne pense pas qu’il y ait une méta-instance secrète qui dirige le monde. Ce dont je suis certain par contre, c’est qu’il y a des personnes de pouvoir. Et que celles-ci n’ont pas foncièrement besoin de se mettre d’accord sur quoique ce soit dans les détails. Car celles-ci sont implicitement d’accord sur un cadre de référence (Le libéralisme, le capitalisme, l’existence de voix prépondérantes…). Et comme dans tout groupe d’intérêts communs, la réaffirmation de se cadre est une chose importante. Ces évènements de réaffirmation ne sont pas secrets. Par contre, ils font tout ce qu’ils peuvent pour éviter la médiatisation…Ce ne sont pas des sociétés secrètes mais bien des sociétés discrètes…
Je connaissais déjà le Siècle. Le Siècle est un club, fondé en 1944, réunissant des membres les plus influents de la « classe dirigeante » française afin de produire une synergie entre leur pouvoir. On y trouve une sélection des personnalités les plus puissantes de la société française, des hauts fonctionnaires, des chefs d’entreprises, des hommes politiques de droite ou de gauche, des syndicalistes, ou encore des représentants du monde de l’édition et des médias de premier plan.
Les adhérents du Siècle sont soumis au secret sur les membres et les sujets discutés. Les caméras ou tout autre dispositif d’enregistrement y sont interdits. Le dîner du siècle, c’est chaque dernier mercredi du mois à l’Automobile Club de Paris.
Je viens de faire la connaissance du Bilderberg. C’est un peu le même principe, de manière annuelle et mondiale. Une différence notable, on n’ est pas adhérent, on y est invité par le Comité Bilderberg… Voici comment en parle Nicolas Beytout (dont on ne s’étonnera pas de l’invitation vue sa fiche Wikipedia…) « J’ai fait trois Bilderberg. Mais on ne demande pas à participer : on est invité par le comité de direction. Nous sommes installés par ordre alphabétique, il n’y a absolument aucun protocole ni décorum. Des sessions thématiques sont annoncées à l’avance avec deux ou trois orateurs qui font un exposé avant d’ouvrir le débat avec la salle. La confidentialité est un gage très grand de sincérité qui permet aux participants de dire vraiment ce qu’ils pensent » Cette dernière phrase étant particulièrement interessante… Hors de la confidentialité, impossible de dire tout à fait ce que l’on pense.
Durant les trois sessions précédentes, les participants choisis à cette conférence ont eu l’occasion d’échanger autour de différents sujets, notamment « Social Networking: From the Obama Campaign to the Iranian Revolution » en 2010, « The Middle East: What Does Democracy Mean? », « Current Conflict Areas » et « Demographic Stresses » en 2011, ainsi que « The Future of Democracy in the Developed World », « A Conversation on US Foreign Policy », « Stability and Instability in the Middle East » et finalement « What Can the West Do about Iran? » en 2012.
Le programme cette année s’articulait autour des points suivants :
- Les USA et l’Europe peuvent-ils croitre plus vite et créer plus d’emploi ?
- Travail, droits et dettes
- Comment le concept du « Big Data » est en train de tout changer. (Surement un sujet pour Eric Schmidt et Jeff Bezos)
- Nationalisme et populisme
- La politique étrangère américaine
- Les défis de (pour?) l’Afrique
- Les guerres virtuelles et la prolifération des menaces asymétriques
- Les principales tendances dans la recherche médicale
- L’éducation en ligne: promesse et impacts
- Les politiques de l’Union Européenne
- Les développements [de la situation] au Moyen-Orient
- Questions d’actualité.
Je ne sais pas si les personnes présentes en sont conscientes -je ne pense pas- mais cela ressemble fort à un « balayage » de sujets généraux d’où on ne sortira rien de chacun mais dont l’intérêt réside dans ce qui est transversal… Je reformule : Chaque sujet semble très différents et les débats entre chaque sujet semblent vraiment différents. (Quoique…) Mais un cadre de référence commun implicite se nourrira de toutes les discussions. Et vice-versa. Les discussions prenant pour postulat de base ce cadre de référence. C’est cela que je nomme la réaffirmation du cadre. En langue de bois, cela se traduit par « mise en réseau des idées et des personnes »
Le ton étant déjà donné par le premier sujet… « Les USA et l’Europe peuvent-ils croitre plus vite ? » Sous couvert de la diversité des origines des personnes présente, on dira défendre le pluralisme mais celui-ci n’aura d’existence que dans le cadre de la non remise en question de la croissance et du développement (C-a-d du capitalisme…en langue de bois traduite…). Ne pas confondre l’arc en ciel avec un dégradé en nuances de gris…
Le comité de direction du Bilderberg a publié la liste des participants prévus pour la session de cette année 2013 qui s’est déroulée du 6 au 9 juin dernier.
Parmi ces participants nous trouvons donc Eric Schmidt chairman et Ex-PDG de Google, Jeff Bezos fondateur et actuel PDG d’Amazon, notre délicieux François Fillon ex-premier ministre français et potentiel présidentiable pour 2017, Timothy Geithner président de la FED de New-York pendant la crise de 2008 puis secrétaire au Trésor, Christine Lagarde actuelle présidente du FMI, Mario Monti ex-premier ministre, ex-ministre de l’économie et des finances et ex-ministre de affaires étrangères Italien (le tout entre novembre 2011 et avril 2013). Bien entendu la liste ne s’arrête pas là, il y a un grand nombre d’hommes politiques, d’entrepreneurs, de journalistes, de militaire, et autres personnalités, aux alentour de 140 au total.
La liste complète des participant-e-s de cette année. J’ai surligné ceux qui m’ont paru particulièrement interessants. Le nombre de représentant de Banques (Lazard, HSBC, Goldman Sachs, Barclays.et j’en passe…) et de ministres des finances est impressionnant…:
- Henri de Castries, Chairman and CEO, AXA Group
- Paul M. Achleitner, Chairman of the Supervisory Board, Deutsche Bank AG
- Josef Ackermann, Chairman of the Board, Zurich Insurance Group Ltd
- Marcus Agius, Former Chairman, Barclays plc
- Helen Alexander, Chairman, UBM plc
- Roger C. Altman, Executive Chairman, Evercore Partners
- Matti Apunen, Director, Finnish Business and Policy Forum EVA
- Susan Athey, Professor of Economics, Stanford Graduate School of Business
- Asli Aydintasbas, Columnist, Milliyet Newspaper
- Ali Babacan, Turkish Deputy Prime Minister for Economic and Financial Affairs
- Ed Balls, Shadow Chancellor of the Exchequer
- Francisco Pinto Balsemão, Chairman and CEO, IMPRESA
- Nicolas Barré, Managing Editor, Les Echos
- José Manuel Barroso, President, European Commission
- Nicolas Baverez, Partner, Gibson, Dunn & Crutcher LLP
- Olivier de Bavinchove, Commander, Eurocorps
- John Bell, Regius Professor of Medicine, University of Oxford
- Franco Bernabè, Chairman and CEO, Telecom Italia S.p.A.
- Jeff Bezos, Founder and CEO, Amazon.com
- Carl Bildt, Swedish Minister for Foreign Affairs
- Anders Borg, Swedish Minister for Finance
- Jean François van Boxmeer, CEO, Heineken
- Svein Richard Brandtzæg, President and CEO, Norsk Hydro ASA
- Oscar Bronner, Publisher, Der Standard Medienwelt
- Peter Carrington, Former Honorary Chairman, Bilderberg Meetings
- Juan Luis Cebrián, Executive Chairman, Grupo PRISA
- Edmund Clark, President and CEO, TD Bank Group
- Kenneth Clarke, Cabinet Minister
- Bjarne Corydon, Danish Minister of Finance
- Sherard Cowper-Coles, Business Development Director, International, BAE Systems plc
- Enrico Cucchiani, CEO, Intesa Sanpaolo SpA
- Etienne Davignon, Belgian Minister of State; Former Chairman, Bilderberg Meetings
- Ian Davis, Senior Partner Emeritus, McKinsey & Company
- Robbert H. Dijkgraaf, Director and Leon Levy Professor, Institute for Advanced Study
- Haluk Dinçer, President, Retail and Insurance Group, Sabanci Holding A.S.
- Robert Dudley, Group Chief Executive, BP plc
- Nicholas N. Eberstadt, Henry Wendt Chair in Political Economy, American Enterprise Institute
- Espen Barth Eide, Norwegian Minister of Foreign Affairs
- Börje Ekholm, President and CEO, Investor AB
- Thomas Enders, CEO, EADS
- J. Michael Evans, Vice Chairman, Goldman Sachs & Co.
- Ulrik Federspiel, Executive Vice President, Haldor Topsøe A/S
- Martin S.Feldstein, Professor of Economics, Harvard University; President Emeritus, NBER
- François Fillon, Former French Prime Minister
- Mark C. Fishman, President, Novartis Institutes for BioMedical Research
- Douglas J. Flint, Group Chairman, HSBC Holdings plc
- Paul Gallagher, Senior Counsel
- Timothy F Geithner, Former Secretary of the Treasury
- Michael Gfoeller, US Political Consultant
- Donald E. Graham, Chairman and CEO, The Washington Post Company
- Ulrich Grillo, CEO, Grillo-Werke AG
- Lilli Gruber, Journalist – Anchorwoman, La 7 TV
- Luis de Guindos, Spanish Minister of Economy and Competitiveness
- Stuart Gulliver, Group Chief Executive, HSBC Holdings plc
- Felix Gutzwiller, Member of the Swiss Council of States
- Victor Halberstadt, Professor of Economics, Leiden University; Former Honorary Secretary General of Bilderberg Meetings
- Olli Heinonen, Senior Fellow, Belfer Center for Science and International Affairs, Harvard Kennedy School of Government
- Simon Henry, CFO, Royal Dutch Shell plc
- Paul Hermelin, Chairman and CEO, Capgemini Group
- Pablo Isla, Chairman and CEO, Inditex Group
- Kenneth M. Jacobs, Chairman and CEO, Lazard
- James A. Johnson, Chairman, Johnson Capital Partners
- Thomas J. Jordan, Chairman of the Governing Board, Swiss National Bank
- Vernon E. Jordan, Jr., Managing Director, Lazard Freres & Co. LLC
- Robert D. Kaplan, Chief Geopolitical Analyst, Stratfor
- Alex Karp, Founder and CEO, Palantir Technologies
- John Kerr, Independent Member, House of Lords
- Henry A. Kissinger, Chairman, Kissinger Associates, Inc.
- Klaus Kleinfeld, Chairman and CEO, Alcoa
- Klaas H.W. Knot, President, De Nederlandsche Bank
- Mustafa V Koç,. Chairman, Koç Holding A.S.
- Roland Koch, CEO, Bilfinger SE
- Henry R. Kravis, Co-Chairman and Co-CEO, Kohlberg Kravis Roberts & Co.
- Marie-Josée Kravis, Senior Fellow and Vice Chair, Hudson Institute
- André Kudelski, Chairman and CEO, Kudelski Group
- Ulysses Kyriacopoulos, Chairman, S&B Industrial Minerals S.A.
- Christine Lagarde, Managing Director, International Monetary Fund
- J. Kurt Lauk, Chairman of the Economic Council to the CDU, Berlin
- Lawrence Lessig, Roy L. Furman Professor of Law and Leadership, Harvard Law School
- Thomas Leysen, Chairman of the Board of Directors, KBC Group
- Christian Lindner, Party Leader, Free Democratic Party (FDP NRW)
- Stefan Löfven, Party Leader, Social Democratic Party (SAP)
- Peter Löscher, President and CEO, Siemens AG
- Peter Mandelson, Chairman, Global Counsel; Chairman, Lazard International
- Jessica T. Mathews, President, Carnegie Endowment for International Peace
- Frank McKenna, Chair, Brookfield Asset Management
- John Micklethwait, Editor-in-Chief, The Economist
- Thierry de Montbrial, President, French Institute for International Relations
- Mario Monti, Former Italian Prime Minister
- Craig J. Mundie, Senior Advisor to the CEO, Microsoft Corporation
- Alberto Nagel, CEO, Mediobanca
- H.R.H. Princess Beatrix of The Netherlands
- Andrew Y.Ng, Co-Founder, Coursera
- Jorma Ollila, Chairman, Royal Dutch Shell, plc
- David Omand, Visiting Professor, King’s College London
- George Osborne, Chancellor of the Exchequer
- Emanuele Ottolenghi, Senior Fellow, Foundation for Defense of Democracies
- Soli Özel, Senior Lecturer, Kadir Has University; Columnist, Habertürk Newspaper
- Alexis Papahelas, Executive Editor, Kathimerini Newspaper
- Safak Pavey, Turkish MP
- Valérie Pécresse, French MP
- Richard N. Perle, Resident Fellow, American Enterprise Institute
- David H. Petraeus, General, U.S. Army (Retired)
- Paulo Portas, Portugal Minister of State and Foreign Affairs
- J. Robert S Prichard, Chair, Torys LLP
- Viviane Reding, Vice President and Commissioner for Justice, Fundamental Rights and Citizenship, European Commission
- Heather M. Reisman, CEO, Indigo Books & Music Inc.
- Hélène Rey, Professor of Economics, London Business School
- Simon Robertson, Partner, Robertson Robey Associates LLP; Deputy Chairman, HSBC Holdings
- Gianfelice Rocca, Chairman,Techint Group
- Jacek Rostowski, Minister of Finance and Deputy Prime Minister
- Robert E. Rubin, Co-Chairman, Council on Foreign Relations; Former Secretary of the Treasury
- Mark Rutte, Dutch Prime Minister
- Andreas Schieder, Austrian State Secretary of Finance
- Eric E. Schmidt, Executive Chairman, Google Inc.
- Rudolf Scholten, Member of the Board of Executive Directors, Oesterreichische Kontrollbank AG
- António José Seguro, Secretary General, Portuguese Socialist Party
- Jean-Dominique Senard, CEO, Michelin Group
- Kristin Skogen Lund, Director General, Confederation of Norwegian Enterprise
- Anne-Marie Slaughter, Bert G. Kerstetter ’66 University Professor of Politics and International Affairs, Princeton University
- Peter D. Sutherland, Chairman, Goldman Sachs International
- Martin Taylor, Former Chairman, Syngenta AG
- Tidjane Thiam, Group CEO, Prudential plc
- Peter A. Thiel, President, Thiel Capital
- Craig B. Thompson, President and CEO, Memorial Sloan-Kettering Cancer Center
- Jakob Haldor Topsøe, Partner, AMBROX Capital A/S
- Jutta Urpilainen, Finnish Minister of Finance
- Daniel L. Vasella, Honorary Chairman, Novartis AG
- Peter R. Voser, CEO, Royal Dutch Shell plc
- Brad Wall, Premier of Saskatchewan Province, Canada
- Jacob Wallenberg, Chairman, Investor AB
- Kevin Warsh, Distinguished Visiting Fellow, The Hoover Institution, Stanford University
- Galen G.Weston, Executive Chairman, Loblaw Companies Limited
- Baroness Williams of Crosby, Member, House of Lords
- Martin H. Wolf, Chief Economics Commentator, The Financial Times
- James D. Wolfensohn, Chairman and CEO, Wolfensohn and Company
- David Wright, Vice Chairman, Barclays plc
- Robert B. Zoellick, Distinguished Visiting Fellow, Peterson Institute for International Economics
Il semble que ce soit honteux de croire au complet mondial… Il y a des complots à toutes les échelles mais, en haut complètement… Impossible! Pourquoi comploteraient-ils hein?
Bonjour Mehö!
Merci de ton commentaire. Au passage, quel joli jeu de mot que le « complet mondial »!
Compte tenu de l’existence avérée de comités type « Phébus » il ne me parait pas honteux de croire au complot mondial. Je dis juste que moi, je n’y crois pas particulièrement. Entre autre en raison du principe de parcimonie : Il y a des solutions plus simples (mais pas forcément plus enviables à mon avis) qui expliquent déjà bien le fonctionnement des choses. Le bain général idéologique en est une, et à l’avantage d’éviter la situation où le panier de crabe du Conseil d’Administration du Monde commencerait à se battre pour savoir lequel est le chef (Ce qui, au niveau d’ambition nécessaire pour gouverner le monde, ne pourrait que finir par arriver 🙂 )
Le problème est que, comme bien souvent lorsqu’on veut un peu creuser un sujet polémique, on se retrouve, à un certain moment avec des arguments des 2 côtés de la balance, arguments qui me deviennent difficiles à vérifier avec mes moyens. Parfois même l’absence de preuve étant pris comme une preuve…
Je vais donc à ce qui me parait le plus simple. Et je fais le choix de ne pas aller plus en avant dans la recherche de la cause, car, par ailleurs, nous sommes bien souvent d’accord sur les constats. La partie qui me semble la plus importante et intéressante à élaborer étant celle des solutions à envisager et des changements à mettre en place individuellement et collectivement.