L’essor de l’informatique vestimentaire, la fin de la vie privée et de la désobeissance.

Récemment, j’ai reçu un SMS de mon opérateur de téléphonie mobile « Nouveau et irrésistible : le forfait XXX à 4,99€/mois vous en donne plus pour le même prix avec 20 Mo d’Internet mobile inclus et toujours 2h d’appels, les SMS et MMS illimités en France… » Pour le même prix, je pouvais désormais avoir, en plus, un « accès internet ». Question… Sachant que lorsqu’une chose est gratuite, ce que l’on vend, en fait, c’est vous, l’accès internet est il un accès de moi à ce qui est sur Internet ou de ce qui est sur Internet à moi… Mais puisque c’est « Nouveau et irrésistible »… j’ai résisté. Je n’ai pas donné suite. Non. Et même pas merci. Non, tout court…

Par les balloches du Cornu!

Après la révélation de PRISM comment est-il encore possible de vouloir des lunettes qui filment tout ce que vous regardez, des montres qui enregistrent chacune de vos données physiologiques ou d’un ordinateur de bord qui vous conseille le film dont vous ne savez pas encore que vous en avez envie…

« C’est juste incroyable. Le futur s’annonce excitant », se réjouit Asim Smailagic, directeur d’un laboratoire de recherche sur l’informatique vestimentaire à l’université Carnegie Mellon, en Pennsylvanie. Ces ordinateurs « peuvent vous aider quand vous en avez besoin. Et tout le monde aime recevoir le genre d’informations qu’ils peuvent fournir », dit-il. « Quand vous mélangez de l’informatique vestimentaire avec des capteurs et des machines à algorithmes, vous obtenez du ‘contexte’. L’ordinateur connaît votre état d’esprit et est capable de vraiment vous aider en fonction de la situation », assure M. Smailagic.  Le professeur est persuadé que les lunettes Google – équipées d’une caméra, reliées à Internet et commercialisées très prochainement – seront un succès, malgré les inquiétudes qu’elles soulèvent sur l’atteinte à la vie privée. « L’informatique vestimentaire doit être discrète, et apparaître comme une extension naturelle du corps », estime M. Smailagic.

Aider en fonction de l’état d’esprit, c’est vous proposer ce que vous ne savez pas encore vouloir… Ou ce qu’un algorithme considère le mieux pour vous…

Dans le TGV magasine de Juin (Oui, j’ai des lectures suprenantes…), il y avait un article sur le Big Data. La parole n’était donnée qu’à des patrons du secteur, ce qui laisse entrevoir l’angle… En voici un extrait :

Quant à ceux qui s’inquiéteraient de voir les machines prendre le contrôle comme dans 2001, l’Odyssée de l’Espace ou Terminator, qu’ils se rassurent : « Il n’existe pas de système unifié centralisé. Si un programme Big Data venait à tomber en panne ou à s’emballer, il n’entrainerait pas le chaos avec lui, car tous les systèmes sont absolument autonomes. » souligne Eric Sadin, auteur de l’Humanité augmentée

La crainte n’est pas tant qu’une machine super intelligente soit en possibilité d’agir sur notre monde en utilisant ces données. Mais plutôt que des humains le fassent… Les algorithmes liés au « conseil » auront bien les paramètres que ceux qui y auront accès voudront… Téléguidé un choix ne me semble pas autre chose… Saviez vous que grâce aux données collectée sur les cartes de fidélités des supermarché, le taux d’utilisations des ristournes figurant sur les tickets de caisse passe de 1% à 25 % ? Et avant même l’influence directe, le seul accès aux informations de base est un problème. L’article a été écrit avant les révélations d’Eric Snowden concernant le fait que les USA ont accès à toutes les données personnelles possédées par les grandes entreprises numériques de leur territoire… Mais

« Comment imaginer, par exemple, que des assureurs ne seraient pas tentés d’aller fouiller du côté de Facebook, Twitter ou LinkedIn pour établir le profil santé de leurs clients et ainsi adapter leurs prix, voire refuser de prendre en charge certaines personnes sous prétexte que les risques sont trop importants…? La question est d’autant plus brûlante que les humains ne sont plus les seuls responsables du déluge quotidien de données. De plus en plus « connectées » les machines parlent elles aussi pour nous, informant les entreprises sur nos goût et nos habitudes, la plupart du temps à notre insu »

Dans ce contexte, je repose la question, comment est-il encore possible de vouloir des objets connectés/intelligents? La curiosité? La frime? « Le cool, le hype, le in, le je-fais-baver-mon-voisin-avec-ma-montre » ? L’attrait d’un chèque de réduction lié à la possession d’une carte de fidélité qui indique ce que vous achetez à votre magasin? Mais aucun de ces lots de compensation ne me semble être un prix de vente assez élevé pour la part d’ombre qu’elles achètent… Une part d’ombre qui est le refuge d’une certaine sensation de liberté et de certaines possibilités de ne pas être prédictible. Car, je suis bien placé pour le savoir, si on est prédictible, on est manipulable.

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