Ecran de fumée de la taxation exceptionnelle des riches.

« Arrêtez de cajoler les super-riches! »

Cette interjection est le titre d’une tribune publiée dans le New York Times du 14 Août.

« Je connais bien de nombreux super-riches. Ce sont des personnes très décentes. Ils aiment leur pays et savent apprécier les opportunités que ce pays leur a donné. Nombre d’entre eux on rejoint la Giving Pledge, promettant de donner la plupart de leur argent à la philanthropie. La plupart ne tiqueraient pas si on leur demandait de payer plus de taxes, particulièrement au moment où tant de leur concitoyens souffrent vraiment »

Ce n’est pas la complainte d’un journaliste ou d’un politicien, non. Il s’agit d’une tribune de Warren Buffet, multi-millardaires et investisseur très écouté aux USA.
Il trouve anormal d’être imposé à 17%, là où des personnes qui gagnent moins le sont à 25 ou 30 %. En clait, il remet en question le fait que le taux d’imposition soit régressif et prone, au contraire une révolution fiscale. Avec un taux plus haut pour les sommes au delà de 1 000 000 de gains imposables et un encore plus haut pour les sommes au de la de 10 millions.

Les riches prônent la redistribution des richesses… Robin des bois semble bien être là où on ne l’attend pas….

Et, chose étonnante, cette complainte trouve un écho en France. Mais, si au USA, elle est évoquée par un riches qui a signé le Giving Pledge (Engagement à léguer plus de 50% de sa fortune à des fondations d’intérêt publique ou des oeuvres de charité), ce n’est pas le cas en France… Loin de là… En effet, on trouve, parmis les signataires de l’appel français de nombreux proches de la droite…  Alors comment un tel retournement est possible…

Et bien la réponse est liée à un tout petit élément, un mot, dont peu gens font cas dans les media dominants. Un mot qui vide l’appel de Buffet de son sens, ce mot : Exceptionnelle.  La où Buffet voulait une contribution. Les nôtres veulent une contribution exceptionnelle. Quelque chose de ponctuel. Et ils assortissent cela de  « dans des proportions raisonnables, dans le souci d’éviter les effets économiques indésirables tels que la fuite des capitaux ou l’accroissement de l’évasion fiscale. ». Donc une PETITE contribution, s’il vous plait. Au passage le fait de voir Liliane Bettencourt signer un texte qualifiant l’évasion fiscale d’indésirable devrait à lui seul mettre la puce à l’oreille…

Pourquoi signer alors…? Alors, peut-être parce que les gens qui ont beaucoup de sous ( qui sont de plus en plus nombreux, la crise ayant surtout eu pour effet de redistribuer inégalement les capitaux.) sentent que le vent risque de tourner et que d’une manière ou d’une autre, ils risquent d’être au centre de l’attention de ceux qui en ont moins… Genre 1789…  Alors quite à être sous les feux de la rampe, autant décider de quand et, surtout de comment… Une rampe vaut mieux qu’un échafaud, n’est-ce pas…

Évidemment, le gouvernement donne réponse à cet appel. Il ne peut faire que ça. Mais, comme prévisible et demandé, il le fait a minima.

La bonne nouvelle, c’est que  face à cette réponse l’opinion publique ne sera pas dupe longtemps…

Les journalistes économiques consciencieux ramènent leur avis d’une part. Et même les riches, ceux qui semblent vouloir, vraiment, être taxés d’autre part trouvent cela ridicule…:

C’est décidément difficile d’arranger les plus riches en ayant l’air de les embêter…

Le président de Riches par les Pinçon-Charlot

Pour complément, vous pouvez lire le dossier d’Acrimed sur le traitement médiatique de cet écran de fumé  , un traitement abondant, comme pour tout écran de fumée réussi.

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