Le vrai prix des bonnes choses.

Le titre de cet article est emprunté à une entreprise de vente massive de produits bas de gamme. Le discounter (c’est plus classe) tente ainsi un changement d’image en visant les un peu moins pauvres. Derrière ce « vrai » prix des « bonnes » choses, rien de moins hélas que l’ordinaire : Des sous-produit retransformés aromatisés (Du recyclage, en quelque sorte, appliqué à la nourriture. On devrait se réjouir !!!) produit par des encore plus pauvres, dans des conditions douteuses d’hygiène, de sécurité  et des conditions salariales qui, elles, ne font aucun doute. Dans les milieux alternatifs, c’est le rejet en bloc. À raison. Comprenez alors notre étonnement…

Car nous, et d’autres assoces autour de nous, nous ne produisons pas du cervelas de plasma de porc mais produisons des formations. Produisant des formations, nous y mettons un prix. Et, à moins que celui-ci soit, dérisoire ou libre (Ce qui revient souvent au même hélas.), il nous est fréquemment retourné que ce prix est trop élevé. C’est aussi vrai pour nos prestations scéniques. Les arguments avancés tournant généralement autour du fait qu’étant « alternatifs », nous devons faire le nécessaire pour être ouverts aux pauvres, dans un esprit d’accessibilité. Cela nous touche. Nous avons généralement répondu par l’adaptation (Traduisez l’abaissement) de nos tarifs. Lors de notre formation d’automne, nous avions prévu neuf formules différentes. Au final il y en a eu 11… Pour notre tournée de printemps, nous savons d’ores et déjà que, si nous répercutons effectivement tous nos coûts, nous serons déficitaires.

Alors il nous paraît utile de faire quelques rappels…

Tout comme pour un spectacle de 1h30, lorsque vous participez à une formation, celle-ci demande bien plus de temps que les deux jours de présence qui sont les vôtres. En réalité cela aura demandé des semaines. Pour trouver et organiser la venue de l’intervenant-e, ou pour créer des contenus qui seront ensuite en amélioration constante. Pour explorer, trouver, négocier les prestations annexes telles que l’hébergement, les traductions… Et enfin, et pas des moindres, pour vous trouver, vous, ou faire en sorte que vous nous trouviez… Site web, e-mail, affiche, communiqués de presse, salons, réseaux… Des semaines. Littéralement. Et comme nous sommes « alternatifs » nous considérons que tout travail mérite salaire. Nous n’avons pas dit « gagne salaire » mais bien « mérite » . Car aujourd’hui ce n’est pas le cas. Aussi extravagant que cela puisse paraître, une journée de formation payée 100 € ne couvre pas le travail d’organisation, qui est un des plus conséquents. Pour se donner une idée du prix soutenable d’une formation il faut aller voir du côté des organismes de formation professionnelle. Cinq à 10 fois cela, à taille du groupe équivalente…

Pour pouvoir vous proposer nos tarifs actuels nous avons d’autres activités rémunératrices, et véhiculons donc, par notre exemple, l’idée qu’on ne peut pas vraiment vivre seulement des alternatives. Le comble ! D’autres dans nos réseaux n’ont pas cette « chance » et vivent tellement chichement que c’est au niveau de leur choix d’achats que cela se répercute souvent. Nous, parce que nous sommes « alternatifs » (Il faudra un jour définir ce mot…) avons pris l’option de nous mettre en situation de soutenir la qualité locale, sociale et environnementale. C’est un choix parmi d’autres, c’est notre choix et nous continuerons de le faire et de l’assumer.

Mais lorsque nous entendons « c’est cher », alors même que nous proposons déjà des adaptations de tarifs,  nous entendons que nous surestimons la valeur de notre travail. C’est clairement faux. C’est clairement le contraire. Tout comme un agriculteur bio et local vivant selon ses valeurs, à souvent des coûts de production, et de vie, qui justifient des prix un peu plus élevés.

Et nous nous inscrivons aussi en faux contre le sens du raisonnement. Faisant peser sur le fournisseur, qui n’a fait qu’estimer le prix qui lui paraît juste, la responsabilité de l’impossible accès… Nous n’ignorons pas qu’il y a des abus de cela, notamment du côté des grandes entreprises qui font des marges honteuses et disproportionnées au regard de la qualité de ce qu’elles proposent. Mais ce sens du raisonnement pousse à tout niveler vers le bas.

Permettez-nous de vous proposer de changer de point de vue sur votre budget : Conformément à tout ce que nous avançons, nous considérons que l’abondance doit être partagée et, en conséquence, que vous devriez être payé-e-s plus pour votre travail. Bien sûr pour l’obtenir, cela demande plus d’efforts que de déplorer que « tout est cher ». Être contre le système dominant, néolibéral actuellement, demande toujours plus que d’être son allié, même involontaire. Cela demande de l’énergie, et des compétences. Ça tombe bien. Nous organisons des formations pour cela. Et comme nous ne sommes pas le LIDL de la formation, ce sont des formations de qualité.

2 opinions sur “Le vrai prix des bonnes choses.

  1. Merci Phloem,
    pour cette analyse qui sonne juste chez moi, surement chez d’autres.
    Commençons par réapprendre à se respecter, à se donner de la valeur juste et peut-être nous verrons le bout du tunnel de l’exploitation des humains sur un plan économique.
    Vendredi prochain je co anime un ciné échange « Eveil de la Permaculture ». Puis je me permettre de vous citer par rapport à ce poste, et le travail de formation que vous proposez?

    permaculturally

    Gabrielle Arnould

    • Bonjour Gabrielle,

      Merci de ce commentaire. Quelle belle idée que de diffuser ce film. Certaines de personnes qui nous ont formé y sont… Pas de souci pour la référence. J’en serais même honoré.
      (Et je vois que vous travaillez avec Instinctaf ou encore Alexis Guichard, en voilà du beau monde! 😉 )

      Phloem.

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