Exercice de traduction de langue de bois

Bonjour, bonjour!

Suite au cours de ce soir, je fais remonter cet exercice périodique de traduction. Vous allez voir, c’est du grand art. ça fait longtemps que je n’avais pas vu une telle réussite de la xyloglossie. Et c’est paru dans le Monde.

Je vous propose, si le coeur vous en dit, de ne traduire qu’un ou 2 paragraphes car vraiment c’est très long. En copiant collant le paragraphe original et votre version dans un commentaire. J’ai hâte de vous lire.

De mon côté, j’ai écrit la correction complète et je la publierai prochainement.

Une petite piste pour commencer, le titre une fois traduit : L’exploitation des pays pauvres au service du maintien des inégalités dans les pays riches.

Amusez-vous bien et ne rigolez pas trop.

La mondialisation solidaire au service de la croissance.

Les entreprises françaises évoluent dans un environnement économique marqué par une très grande incertitude, où chaque pôle de l’économie mondiale doit réviser son modèle de développement. Alors que la crise financière menace toujours, l’Europe mais aussi les Etats-Unis et le Japon doivent créer les conditions d’un retour durable à la croissance.

Les grands pays émergents cherchent à rééquilibrer leur modèle de développement et à mieux assumer les responsabilités politiques, sociales et environnementales. L’Afrique a trouvé la voie d’une croissance forte. Tous doivent rechercher la voie d’une économie moins gourmande en ressources non renouvelables pour lutter contre le réchauffement climatique.

La bataille pour la croissance ne se gagnera pas dans les limites de nos frontières. Pour retrouver toute sa place et rester maître de son avenir, notre pays a engagé le redressement de son économie et de ses comptes publics. Nous devons dans le même temps renforcer notre intégration internationale au bénéfice de nos entreprises et de l’emploi. Il faut pousser plus loin l’avantage de la France dans la mondialisation, sans crainte ni naïveté.

A l’heure où le gouvernement a choisi de renforcer notre diplomatie économique, les ministères économiques que nous dirigeons entendent contribuer à un effort collectif au service des entreprises et de l’emploi, à la promotion d’un cadre économique et financier régulé et à la construction d’une mondialisation plus juste.

Dans une économie mondialisée, notre pays peut compter sur ses champions nationaux. Ceux-ci, souvent avec le soutien de la puissance publique, ont déjà relevé le défi, pour gagner de nouveaux marchés et trouver des relais de croissance hors de nos frontières. Il est essentiel que leur succès soit conforté et entraîne également l’ensemble de notre tissu économique, ce qui suppose que leur lien au territoire national et à l’emploi persiste, et, notamment pour certains leaders internationaux, se renforce. Le gouvernement sera très vigilant sur ce point.

Nous souhaitons en effet qu’un nombre croissant de PME et d’entreprises de taille intermédiaire soient en position de réussir le saut international et que le niveau des exportations – 430 milliards d’euros aujourd’hui – augmente, conformément à nos capacités productives. C’est un enjeu de création d’emplois sur nos territoires ; c’est un enjeu aussi de démocratie économique, pour que le plus grand nombre profite de la croissance du reste du monde.

Notre performance extérieure est, d’abord et avant tout, une composante et une résultante de notre politique de compétitivité. Les réformes structurelles soutenues par le gouvernement sont désormais bien identifiées. Elles ne relèvent pas uniquement de la compétitivité intérieure, mais se concentrent également sur la compétitivité extérieure et un cadre de financements compétitifs. Pour renforcer l’impact commercial de l’offre française, nous encouragerons également les regroupements de nos entreprises à travers l’organisation à l’export de filières stratégiques en nous appuyant sur les régions.

Les instruments publics seront par ailleurs réorganisés pour accompagner les entreprises : suivi plus précis des grands contrats ; mobilisation d’Ubifrance ; action à l’export de la Banque publique d’investissement. Notre réseau diplomatique, enfin, apportera davantage encore son soutien résolu à la défense de nos intérêts et de nos positions économiques, sous l’impulsion du ministre des affaires étrangères.

Seul un effort collectif, conduit dans un dialogue permanent avec les entreprises et mobilisant l’ensemble des moyens publics disponibles, permettra d’atteindre l’objectif fixé par le premier ministre de réduire à zéro, en cinq ans, le déficit commercial de la France, hors énergie. Un plan d’action pour notre compétitivité extérieure, qui sera rendu public fin septembre, y contribuera.

Pour investir, recruter et se développer, les entreprises ont aussi besoin d’un cadre économique stable et protecteur. Il s’agit là d’une condition nécessaire afin de défendre notre modèle économique et social. La promotion d’une mondialisation ordonnée et équitable, assise sur des règles partagées par tous, est une priorité pour tout gouvernement soucieux de progrès collectifs.

Cette priorité suppose la mise en œuvre complète de l’agenda de régulation financière voulu par le président de la République, la lutte contre la corruption et les paradis fiscaux, l’élaboration de normes sociales et environnementales, et l’adoption des règles internationales en matière de financement des échanges. Il convient aussi de conduire nos partenaires à assumer les responsabilités correspondant à leur place croissante dans l’économie mondiale et à ne pas fermer leurs économies pour éviter des enchaînements dont l’histoire a montré qu’ils ne font qu’amplifier les crises.

Une politique commerciale européenne fondée sur le principe de la réciprocité et sur des accords de partenariat équilibrés doit y contribuer. C’est pour nous un objectif majeur. Car c’est l’Europe, et l’Europe seule, qui, unie, pèsera suffisamment afin d’obtenir des avancées de la part des autres puissances mondiales, et qui est en mesure de construire un partenariat équilibré avec les puissances émergentes.

Enfin, c’est de davantage de solidarité qu’a aujourd’hui besoin l’économie mondiale. Comme l’a affirmé le président de la République, la solution à la crise de l’Europe passe par l’intégration solidaire. C’est la voie à suivre pour favoriser la croissance et l’emploi, finalité de la réorientation engagée des politiques européennes. La même volonté s’applique sur le plan international : la réduction des déséquilibres internationaux et la croissance de l’économie mondiale passent par l’émergence progressive d’une mondialisation solidaire.

Cette solidarité concerne les pays en développement, bien sûr. Il ne s’agit pas ici de commisération mais de développement durable, mutuellement profitable. Nous devons jeter les bases d’un développement commun avec nos voisins du Sud – et d’abord avec le Maghreb et l’Afrique subsaharienne –, en analysant et en mettant au service de la croissance les multiples flux économiques qui nous relient à eux.

Le quarantième anniversaire de nos accords de coopération monétaire avec les pays membres de la zone franc, en octobre, fournira l’occasion de nous projeter dans cet avenir commun. Nos partenaires du Sud exigent de préserver leurs ressources naturelles et culturelles ; ils attendent nos investissements. Nos entreprises, attachées à la responsabilité sociale, peuvent porter un partenariat renforcé, dépassant l’horizon du libre-échange, et trouver ici de nouveaux marchés ou des compléments de compétitivité.

La mondialisation est une réalité, son iniquité n’est pas une fatalité. Nous pouvons l’influencer. Pour le faire, nous n’opposons pas emploi et ouverture. Nous sommes au début d’une nouvelle grande transformation, comparable à celle qui, naguère, a vu la démocratie sociale en réponse aux maux du capitalisme. Nous devons inventer, avec tous nos partenaires, un cadre et des institutions pour que la croissance mondiale soit plus forte et durable, humainement et écologiquement, pour que la mondialisation devienne enfin solidaire.

Pierre Moscovici, ministre de l’économie et des finances, et Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur

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